VIOLENCE EDUCATIVE |
"Dans toutes les larmes s'attarde un espoir."Simone de Beauvoir
Définition et limite de la Violence Educative Ordinaire Par Jacques BARBIER et les membres de Stop Violence France La Violence Educative Ordinaire, est celle qui est pratiquée à l’encontre des enfants. Celle qui est punitive, que les parents considèrent comme un droit et un moyen d’éducation pour leurs enfants, celle qui ne choque personne, qui est considérée comme acceptable et tolérée par notre société, pour les faire obéir.
Celle qui établit entre le parent et l'enfant un rapport de pouvoir violent et que l'adulte considèrerait lui-même comme inacceptable s'il lui était appliqué.
La violence éducative est le processus d'une force physique et mentale mis en place par les parents ou éducateurs de l’enfant, pour l’utiliser contre lui, dans le but de le "neutraliser", et lui faire croire que cette action violente à son encontre est une action éducative.
La Violence Educative est aussi le fait de le manipuler et le formater pour lui faire accepter cette action de " bien ou bon pour lui", comme quelque chose d’Ordinaire, de normal, d’autant que pour être acceptée par l’enfant, il faut qu’elle soit acceptée et utilisée par quasiment tout le monde dans son entourage, que personne ne la voit comme telle et ne la remette en question.
Pour prendre un exemple réel, Thomas, 9 ans, interrogé dans le cadre d’une enquête sur la violence de son père à son égard, a eu comme réponse aux enquêteurs à la question sais-tu ce que c’est la maltraitance ? « la maltraitance c’est lorsque les parents nous frappent pour des bêtises ou quelque chose que l’on n’a pas fait ».
Thomas a été convaincu par ses parents que si les enfants font des bêtises et n’obéissent pas, ils ont le droit de les frapper.
C’est par cette méthode et par le silence de tous, que l’enfant accepte et trouve normal les coups que lui donnent ses parents ou ses éducateurs dès qu’il fait une bêtise. Non seulement l’enfant se trouve dans une position d’acceptation de cette violence, mais en se sentant humilié et honteux, il restera lui-même dans le silence.
Dans la VEO il y a les coups, les menaces, les punitions, les chantages, les jugements, les dévalorisations, les isolements, les enfermements etc... Ce type de châtiment peut aussi consister,à secouer et projeter un enfant, le pincer, le mordre, lui tirer les cheveux, les oreilles, ou encore le forcer à demeurer dans une position inconfortable.
Il y a les promesses jamais tenues, les manipulations subtiles qui vont jusqu’à se servir de l’enfant comme d’un enfant soldat, par exemple lors de séparation parentale conflictuelle, afin de lui faire rejeter l’autre parent ou autre membre de sa famille devenu indésirable pour l’un ou les deux parents ...
Le priver de sa parole, est aussi une forme de la Violence Educative Ordinaire,parce que l’enfant est un être sensible avec des sentiments qui lui sont personnels, et parce que les adultes ne sont pas les seuls à détenir la vérité. S’il est manipulé, formaté, aliéné, il est obligé de par son âge d’adhérer aux propos de "son ou ses parents" certain que son choix est librement consenti.
En l'empêchant d’exprimer ce qu'il ressent, d'être lui-même, on le fait devenir un petit robot capable d’obéir aux ordres les plus cruels.
Dès l'instant qu'un adulte ne considère pas l'enfant comme un être humain, avec les mêmes droits que lui, lesquels sont définis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et par les conventions Internationales, mais le considère comme un mini être humain, cet adulte s’inscrit dès lors dans la Violence Educative.
LA VIOLENCE EDUCATIVE EST INTERDITE…
Même par les Parents, les nounous, les enseignants, les éducateurs, infliger toute forme de violence aux enfants c’est interdit, c’est la LOI qui le dit !!!
Selon la gravité des faits de violence, les peines peuvent aller d'une simple amende de 4 ème classe ( jusqu’à 750 € maximum ) pour les violences légères Article R624-1, et pour les faits plus graves prévus par les articles 222-13 et 222-14 du code pénal, à des peines de prison avec sursis ou prison ferme.
Ci-dessous trois exemples pour des faits récents :
- Le professeur de Berlaimont condamné à 500 euros d'amende pour avoir giflé un élève de 11 ans.
- Un éducateur spécialisé et un enseignant condamnés pour Giflele 9 janvier 2009…
Un éducateur spécialisé et un enseignant d'un institut médico-éducatif des Alpes-Maritimes ont été condamnés à deux mois de prison avec sursis pour violence sur un jeune de 13 ans.Le procureur Pierre Arpaïa avait souligné "l'absence de calme et de sang-froid" des deux éducateurs. Ils devront verser 6.000 euros aux plaignants au titre du préjudice physique et moral.
- Deux mois de prison avec sursis pour une nurse de Monistrol
« En janvier 2008, des parents d’un petit garçon de 5 ans viennent récupérer l’enfant chez l’assistante maternelle à qui il était confié. Stupeur lorsque ces derniers découvrent Cinq tâches rouges sur l’enfant. Les parents emmènent leur enfant chez un médecin, qui constate que les marques étaient dues à "des coups portés avec un objet rond convexe en son centre, type louche ou cuillère à glace".
Suite à un dépôt de plainte, le jugement a été rendu en mai 2008. L'assistante maternelle a expliqué que l'enfant était malade, qu'il vomissait de partout, qu'il n'arrêtait pas de pleurer, et qu'elle a donc perdu patience. Après avoir clairement exprimé son indignation face à de tels actes, le juge a condamné la nourrice à deux mois de prison avec sursis. »
Extrait Zoom 43
Pour un enfant, désobéir ou faire une bêtise ne donne pas le droit aux parents ou autres éducateurs de le frapper.L’Enfant est le plus fragile des êtres humains, il doit être protégé par tous les adultes.
Eduquer un enfant sans violence c’est possible en étant attentif et élogieux, en encourageant ses bons comportements, en lui montrant comment résoudre son problème ou les conflits de manière constructive, en lui donnant le bon exemple.
L’enfant est protégé par la convention internationale des droits de l’enfant.
Toutes les conventions internationales ou nationales, précisent que l'enfant a le droit à la protection de son corps, de son équilibre psychologique et de sa parole...
DEI France présidée par le Juge ROSENCZVEIG, a rappelé en 2008 au gouvernement Français son devoir de protéger les enfants contre toutes formes de violence infligées par des adultes chargés de leur éducation.
L'applicabilité directe de la Convention internationale sur les droits de l'enfant
Source : Juge HUYETTE
La cour de Cassation et le Conseil d’Etat ont tranché. Pendant des années la cour de cassation a refusé de considérer la convention internationale de 1990 relative aux droits de l'enfant comme directement applicable en droit français. Cela signifie que les justiciables ne pouvaient pas en invoquer les articles, tant que ceux-ci n'avaient pas fait l'objet de transposition dans notre droit par le biais d'une nouvelle loi française, modifiant nos codes.
Le Conseil d'Etat a le premier statué en sens contraire, et admis l'application directe des dispositions ne nécessitant aucun aménagement de notre droit. C'est ce qu'il vient de confirmer dans une décision du 27 juin 2008.
La cour de cassation s'est ralliée à cette position et dorénavant statue dans le même sens.
VIOLENCE EDUCATIVE ET MALTRAITANCE
Il faut donc distinguer la violence éducative de la maltraitance qui est "considérée" comme inacceptable. En France, on peut dire que la gifle, tirer les cheveux ou une oreille, le coup de pied aux fesses et la fessée font partie de la violence éducative ordinaire.
La violence éducative est celle qui ne laisse pas de trace visible. Cependant, si elle devient répétitive, elle est considérée comme une maltraitance qui, d’après l’article 434-3 du Code Pénal doit faire l’objet d’un signalement.
Dans le cade de la Loi, il n’y a pourtant aucune différence entre un adulte et un enfant, car l’enfant est un être humain, mais il est très rare que le parent, auteur de cette infraction soit verbalisé, comme c'est le cas s’il se fait arrêter en grillant un feu rouge par exemple.
Ce même parent, est souvent le premier à se plaindre, si une même gifle a été donnée à son enfant par un étranger, à l'école par exemple…
Il y a souvent une continuité entre la Violence Educative Ordinaire et la maltraitance. Or, si on ne s’attaque pas à la Violence Educative Ordinaire, on n’arrivera jamais à réduire la maltraitance.
C’est cette continuité qui fait la gravité de la Violence Educative, même la plus faible, comme la tape sur la main, parce que, accepter la tape sur la main c’est déjà accepter le principe qu’on a le droit de frapper un enfant. Et à partir du moment où le principe est accepté, on ne peut jamais savoir jusqu’où on ira. C’est l'une des raisons qui fait que plus notre société tolère la violence éducative ordinaire, plus elle produit de maltraitance.
Le projet du Conseil de l'Europe qui est d'arriver à une tolérance zéro, est donc une très bonne nouvelle pour les enfants.
Tant qu'on ne reconnaîtra pas en France le problème de la « Violence Educative Ordinaire », qui est la base de la de maltraitance, que l'on osera pas la nommer, la souffrance des enfants, seuls face aux différentes formes de violences, victimes des violences psychologiques qui leurs sont infligées et qui resteront « muettes »sous le regard indifférent de la famille, de voisins, d'enseignants et même d’organismes institutionnels, on laissera à leurs auteurs la possibilité de « murer » ces enfants dans le silence.
Tout cela avec la complicité passive de notre justice et des organismes sociaux qui tiennent un discours uniquement étayé sur des pratiques d’un autre siècle, qui abandonnent et enferment ainsi des milliers d’enfants dans leur silence.
La violence faite aux enfants, est très souvent ignorée. Et pourtant les chiffres avancés de deux décès par jour suite à des actes de maltraitance sont sans doute sous estimés.
Dans son rapport de novembre 2007, l’ODAS indique 98000 enfants en danger… Chiffre sans doute sous évalué, lesquels ne prennent en compte que les cas signalés aux conseils généraux. L’ODAS indique dans ce rapport 19000 enfants maltraités.
Sur ces 19000 enfants maltraités on note 3 à 5 % de décès,ce qui représente chaque jour chez nous en France le décès de 2 enfants suite à des actes de maltraitances…
N B : l’ODAS, bien que réalisant des enquêtes fiables ne prenait pas en compte : les cas directement signalés aux autorités judiciaires, les cas d’enfants maltraités comme le petit Marc décédé dans l’indifférence la plus totale, ou encore celui d’autres enfants dont les cas sont ignorés par tous les services sociaux ou judiciaires.
Après les modifications de la LOI de 2007, le Ministère à retiré la charge des enquêtes à l’ODAS. Un décret vient d’être publié chargeant l’ONED d’une nouvelle mission en ce sens. Nous n’aurons donc plus de repère de comparaison pendant deux ou trois ans.
Mise à jour du 24.11.2008
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